French text
1. Au sang qu'un Dieu va répandre,
Ah ! mêlez du moins vos pleurs,
Chrétiens, qui venez entendre
Le récit de ses douleurs.
Puisque c'est pour vos offenses
Que ce Dieu souffre aujourd'hui,
Animés par ses souffrances,
Vivez et mourez pour lui.
2. Dans un jardin solitaire
Il sent de rudes combats ;
Il prie, il craint, il espère,
Son cœur veut et ne veut pas.
Tantôt la crainte est plus forte,
Et tantôt l'amour plus fort ;
Mais enfin l'amour l'emporte,
Et lui fait choisir la mort.
3. Judas, que la fureur guide,
L'aborde d'un air soumis ;
Il l'embrasse, et ce perfide
Le livre à ses ennemis.
Judas, un pécheur t'imite
Quand il feint de l'apaiser :
Souvent sa bouche hypocrite
Le trahit par un baiser.
4. On l'abandonne à la rage
De cent tigres inhumains :
Sur son aimable visage,
Les soldats portent leurs mains.
Vous deviez, Anges fidèles,
Témoins de ces attentats,
Ou le mettre sous vos ailes,
Ou frapper tous ces ingrats.
5. Ils le traînent au grand-prêtre
Qui seconde leur fureur,
Et ne veut le reconnaître
Que pour un blasphémateur.
Quand il jugera la terre,
Ce Sauveur aura son tour :
Aux éclats de son tonnerre,
Tu le connaîtras un jour.
6. Tandis qu'il se sacrifie,
Tout conspire à l'outrager :
Pierre lui-même l'oublie,
Et le traite d'étranger ;
Mais Jésus perce son âme
D'un regard tendre et vainqueur,
Et met, d'un seul trait de flamme,
Le repentir dans son cœur.
7. Chez Pilate on le compare
Au dernier des scélérats :
Qu'entends-je ? ô peuple barbare,
Tes cris sont pour Barabbas !
Quelle indigne préférence !
Le Juste est abandonné,
On condamne l'innocence
Et le crime est pardonné.
8. On le dépouille, on l'attache,
Chacun arme son courroux ;
Je vois cet Agneau sans tache
Tombant presque sous les coups.
C'est à nous d'être victimes :
Arrêtez, cruels bourreaux !
C'est pour effacer vos crimes
Que son sang coule à grands flots.
9. Une couronne cruelle
Perce son auguste front ;
À ce chef, à ce modèle,
Mondains, vous faites affront.
Il languit dans les supplices,
C'est un homme de douleurs :
Vous vivez dans les délices,
Vous vous couronnez de fleurs !
10. Il marche, il monte au Calvaire,
Chargé d'un infâme bois ;
De là, comme d'une chaire,
Il fait entendre sa voix :
« Ciel, dérobe à ta vengeance
Ceux qui m'osent outrager ! »
C'est ainsi, quand on l'offense,
Qu'un chrétien doit se venger.
11. Une troupe mutinée
L'insulte et crie à l'envi :
« Qu'il change sa destinée,
Et nous croirons tous en lui ! »
Il peut la changer sans peine,
Malgré vos nœuds et vos clous ;
Mais le nœud qui seul l'enchaîne,
C'est l'amour qu'il a pour nous.
12. Ah ! de ce lit de souffrance,
Seigneur, ne descendez pas ;
Suspendez votre puissance,
Restez-y jusqu'au trépas.
Mais tenez votre promesse :
Attirez-nous après vous ;
Pour prix de votre tendresse,
Puissions-nous y mourir tous !
13. Il expire, et la nature
Dans lui pleure son auteur ;
Il n'est point de créature
Qui ne marque sa douleur.
Un spectacle si terrible
Ne pourra-t-il me toucher ?
Et serais-je moins sensible
Que n'est le plus dur rocher ?
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Portuguese translation
1. A paixão de_um Deus amante,
Meditar, vinde, cristãos.
E contritos, neste instante,
Ah, chorai, chorai, irmãos.
Já que foi nossa_maldade,
Que_o fez tanto padecer,
Ó cristãos, por piedade
Com Jesus vinde sofrer.
2. Entre mãos de vis soldados,
Cai o nosso Redentor;
E seu rosto profanado,
Traz sinais de seu furor.
Eu também com que maldade,
Meu Jesus, quanto pequei;
Vossa_augusta divindade,
Quanta vez não ultrajei.
3. Na presença de Pilatos,
Ousa_o povo preferir,
O pior dos celerados
Ao Senhor que o vem remir.
Mas indigna preferência,
Tenho feito muita vez,
Contra Deus dando sentença,
Preferindo a malvadez.
4. Que suplício horroroso,
Meu Jesus quer padecer,
No seu corpo tão formoso,
Um soldado vil bater.
O inocente_é flagelado,
Até sangue derramar,
Eu, Senhor, que sou culpado,
Nem meus crimes sei chorar.
5. A coroa_a dor acerba,
Sua fronte traspassou;
Nosso crime de soberba,
Desse modo condenou.
Ó cristão que tanto gozas,
E que vives a folgar,
Um cristão não é de rosas,
Que se deve coroar.
6. No madeiro_enfim pregado,
Uma voz solta: "Perdão!"
Tende, Pai do céu amado,
Dos algozes compaixão!
O terrível atentado,
Não hesita perdoar;
Assim injuriado,
Se deve_um cristão vingar.
7. Na cruz morre a natureza,
Pasma e chora o seu autor:
Tudo veste de tristeza,
Tudo manifesta dor.
Tu, cristão, que vês as pedras,
Estalarem de pesar.
Ah, não queiras, mais que elas,
Insensível te mostrar.
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